|
Chroniques des années 1970 - 1972 |
Eric, le marqueur indélébile, est un véritable dénicheur de trésor. Grâce à lui, nous voilà en possession
de plusieurs chroniques tombées entre mars 1970 et juillet 1972 de la plume de celui qui fût commandant en second du CLA en 1972
|
Je ne sais plus trop à quelle occasion, le général commandant la 2eme région aérienne vint en inspection sur
la base et, comme dans toutes les circonstances similaires, ce fut le branle-bas de combat : l'on rangea tout ce qui traînait, les personnels furent "briefés", on
boucla des dossiers qui traînaient depuis des mois, on repeint les bordures de trottoir...bref, on fit tout ce que toutes les armées du monde font avant une inspection
et ce fut dans certains secteurs un vibrant hommage à Courteline ! |
La visite ne m'a laissé aucun souvenir et, d'ailleurs, le général n'est sans doute pas venu au CLA : ce n'est
pas un service où on peut cacher très longtemps un cadavre dans un placard ! |
Au moment du repas du midi du dernier jour de l'inspection, un "quartier-libre" fut annoncé pour l'après-midi :
c'était la tradition en pareilles circonstances, et, bien qu'un peu enfantine, cette "récompense" fut saluée par une clameur d'allégresse.. |
Au moment de quitter la base, il y eût l'embouteillage classique des fins de journées, mais, cette fois, il apparût un peu plus
conséquent, et, fait insolite, les gendarmes fouillaient les voitures et, ensuite, les invitaient à faire demi-tour.... |
La cause de ce remue-ménage fut bientôt connue : la casquette du général avait disparu, et le quartier-libre fut annulé ! |
Au sortir du mess, la casquette déposée au vestiaire commun s'était envolée... |
On pensa d'abord à une farce du 3/12 qui possédait dans ses locaux une collection de coiffes de toutes les armées du
monde, mais celui-ci jura sur le "scorpion" et le "bouledogue" de ses emblèmes qu'il n'était pour rien dans ce rapt !. |
Le colonel commandant la base, déjà un peu "sanguin" en temps ordinaire, ne décolérait pas, mais force fut
au général de regagner ses quartiers de Villacoublay nue-tête ! |
On ne sut jamais qui avait commis ce forfait : la base acquit, sur ses deniers, une casquette de général (et c'est cher,
une casquette de cérémonie !), et envoya un officier faire le voyage à Canossa (pardon, à Villacoublay !) pour y présenter de plates excuses... |
L'épisode resta dans les annales avec, malgré ses véhémentes dénégations, un fort relent de soupçons pour le 3/12. |
Cette tragi-comédie fît bien sûr le tour de l'Armée de l'Air, et tous les généraux venant en visite ultérieurement veillèrent
avec un soin jaloux sur leur couvre-chef. |
Il n'en disparut plus aucun, mais un général possédant le sens de l'humour prit les devant, et, expliquant
au 3/12 que malgré une solde réputée confortable, il ne pouvait se permettre de semer ses coiffures, lui remit un "bon pour un casquette" à exposer dans la vitrine, en attendant son
passage en 2eme section, date à laquelle la vraie casquette, promis juré, serait remise en grande pompe à l'escadron...La promesse fut-elle tenue ? Je ne sais, mais, "si non e vero...". |
Depuis cet épisode, j'avoue que, chaque fois que, déposant ma casquette dans un vestiaire, j'y ai vu celle d'un général, j'ai un instant été
saisi du désir iconoclaste de la cacher...C'est la preuve que, jusqu'à la fin, le sous-lieutenant que j'ai été il y a longtemps est resté vivant dans un coin de ma tête...
et c'est très bien ainsi ! |
Pour ce qui me concerne, ni assez célèbre, ni assez gradé, on ne m'a jamais volé ma casquette, et les
quelques-uns qui, distraits, se sont trompés ont vite déchanté en la coiffant : la plupart se sont retrouvés en IFR (vol aux instruments) pour cause de tête trop petite :
je chausse du 59, ce qui, semble t'il, est au dessus de la norme commune ! |
Certains, lisant à la suite de leur erreur, l'inscription "vous vous êtes trompés, ceci est un couvre-chef !"
que j'avais apposé à l'intérieur, prenaient un air pincé, montrant ainsi qu'ils pensaient avoir affaire à un mégalomane, mais la plupart raient franchement : le
sens de l'humour n'était pas si rare ! |
|
|
|
|
|