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Chroniques des années 1970 - 1972 |
Eric, le marqueur indélébile, est un véritable dénicheur de trésor. Grâce à lui, nous voilà en possession
de plusieurs chroniques tombées entre mars 1970 et juillet 1972 de la plume de celui qui fût commandant en second du CLA en 1972
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En mars 1970, le terrain était enneigé et de nouvelles chutes survenant régulièrement, il fallait en permanence
déneiger pour maintenir la sacro-sainte disponibilité opérationnelle de la piste et la thermo-soufflante opérait durant de nombreuses heures... |
Engin alors très récent dont j'avais entendu parler sans jamais le voir (à Cazaux, d'où j'arrivais, c'aurait été
un investissement peu rentable...), c'était une sorte de camion portant un réacteur (de Vautour, je crois...) dont les gaz d'échappement étaient canalisés dans des
buses orientables qui, convenablement dirigées, décollaient la neige et séchaient le sol laissant derrière elle une piste noire et sèche comme au mois d'août. |
Les premières utilisations avaient donné lieu à quelques "gags" : en effet, la piste présentant une certaine
déclivité, le conducteur avait été amené, dans le sens de la descente, à donner de légers coups de frein. A chacun d'eux, l'inertie aidant, les buses avaient poinçonné
la piste d'un véritable coup de chalumeau (l'air en sortait à 750°), obligeant le service des ponts à poser quelques rustines. |
La parade qui avait été trouvée à ce problème était inattendue : on avait décidé qu'un officier contrôleur
devait être présent à bord pendant tout le déneigement ! |
Soit ! J'y allai donc et fis ainsi de nombreuses heures bien au chaud dans l'habitacle insonorisé de la
thermo-soufflante au milieu de l'énorme tourmente soulevée par son réacteur. Bien échaudés par leurs premières expériences, les sous-officiers chauffeurs n'avaient
besoin d'aucun conseil et maîtrisaient tout à fait leur engin. Ma présence était purement "administrative", mais je pouvais dire , comme l'allumeur de
réverbère du "Petit Prince" : "c'est la consigne" ! |
L'engin était d'une redoutable efficacité et il fallait être vigilant en passant près des avions :
on aurait facilement arraché une verrière ouverte ou propulsé un extincteur à l'autre bout du parking ! |
Comme rien n'est parfait, il avouait aussi ses limites, et il suffisait qu'un mécano se soit déplacé
à pied (ou en vélo, ce qui était courant...), pour qu'une trace demeure seule après le passage de la thermo, qui n'enlevait pas la neige tassée (la raclette à main
était alors l'ultime recours...) |
Restait à résoudre le problème des congères de bord de piste et à orchestrer le ballet des lames biaises
en arpentant la piste : quelques heures à passer, les pieds et les oreilles gelées par une bise que rien ne contrariait dans une immense plaine avant de rejoindre
la tour en attendant la prochaine chute de neige ! |
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