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Chroniques des années 1970 - 1972

Eric, le marqueur indélébile, est un véritable dénicheur de trésor. Grâce à lui, nous voilà en possession de plusieurs chroniques tombées entre mars 1970 et juillet 1972 de la plume de celui qui fût commandant en second du CLA en 1972



Une tradition existait, parmi les unités OTAN, de réunir périodiquement les escadrons ayant pour emblème un tigre, et, en 1972, ce fut au tour de Cambrai d'accueillir cette rencontre.
Ce n'était pas une mince affaire, car les "tigres" venaient de partout, avec des types d'avions, des langues et des coutumes différents !
Le 1/12, car c'était lui l'escadron "tigre", fut chargé de toute l'organisation, et, premier signe avant-coureur, on vit la porte de l'escadron s'orner d'une tête de tigre dans la gueule duquel il fallait pénétrer pour accéder aux locaux. Le ton était donné : rigueur pour les vols, folklore pour le reste !
Un B2 fut repeint d'une magnifique livrée tigrée jaune et noire, et fut chargé de représenter l'escadron lors du meeting final.
Peu à peu, les appareils arrivèrent : Phantom, Fiat G91, F 111, F 104...
Les Italiens firent un atterrissage remarqué : arrivant par une météo exécrable, deux Fiat G91 demandèrent un GCA, et tout se passa fort bien jusqu'à l'atterrissage, ou, sortant du stratus, la tour découvrit 6 avions ! L'approche avait compris "deux", ils était six, et sans sourciller, avaient fait un GCA en box avec atterrissage en patrouille. Certains contrôleurs se mirent à rêver à l'idée d'appliquer la méthode à nos B2 pour accélérer certains retours "pointus" !
Chacun essayait de faire preuve d'originalité : F 104 en livrée tigre, cockpit ouvert dès l'atterrissage, et déployant la bannière du Canada, Anglais déroulant une peau de tigre sur leur Phantom pour la photo de famille, pilotes déguisés et partout, du jaune et du noir...
Les pots se multiplièrent : pots d'accueil d'abord, puis pots offerts par les participants. Je me souviens de celui des Norvégiens où je dus boire de la bière fortement alcoolisée en tenant dans la même main la chope, et, coincé entre le petit doigt et l'annulaire, un verre d'aquavit dont il fallait alterner les goulées avec celles de la bière...Quand on saura que l'aquavit titre quelques 60°, on comprendra que j'ai été heureux de renverser mon verre au cours de ce périlleux exercice de voltige !
Mais les Norvégiens, eux, le pratiquait avec maestria ! Maestria poussée jusqu'aux limites extrêmes, comme cette fois où, vers la fin du Tiger Meet, j'ai vu l'un d'eux, accoudé au bar devant l'immense chope de bière, piquer brutalement du nez en explosant son verre avec le front et, bien calé en équilibre sur le bar, se mettre à ronfler comme un avion, en continuant de donner, vu de dos, l'image d'un paisible buveur ! Rien n'y paraissait le lendemain, si ce n'est une bizarre lunule rouge sur son front, qui, voisinant avec les marques laissées par le masque et la casque après le vol, passait inaperçue des non-initiés !
La base vécût ainsi trois jours au rythme endiablé de cette rencontre : il y eut, le jour, des missions communes où chacun découvrait l'autre et essayait de le tirer au cours d'"inter-mutuelles" mémorables, guidés par Mazout Radar, quelqu'uns volèrent sur les avions des autres, et une chaude fraternité d'armes se forgea, bientôt complétée, la nuit, par d'inavouables virées dans le Cambrai de la nuit et ses environs. Participer à un Tiger Meet exigeait une santé de fer !
Je pus, à cette occasion, constater une chose que j'ai vérifié à maintes fois depuis : les exhibitions les plus appréciées du public ne sont ni les plus difficiles, ni les plus risquées : le public, bon enfant, ne connaît, dans son ensemble, rien à l'aéronautique, et juge les choses à leur couleur ou à leur bruit !
Je n'en voudrais pour preuve que le fait suivant : les F 111 Américains présents au Tiger Meet étaient interdits de toute évolution brutale, et même de manoeuvre de leur voilure mobile en raison de problèmes survenus récemment au Viet-Nam. Ils firent donc un simple passage devant le public, et c'est là l'astuce, en déclenchant le vide-vite et en allumant simultanément la PC . Il s'ensuivit que le carburant vidangé s'enflamma à quelques mètres de l'avion en produisant une gigantesque flamme orangée du plus bel effet...
Le public en resta muet de saisissement et le pauvre CAP 10 qui succéda aux F 111 eût beau accumuler les figures déclenchées et les "G" négatifs, il ne recueillit que des regards dédaigneux : on voulait des avions qui crachent le feu, que diable, sinon rien !
La base, au départ des tous ces tigres, prit un aspect bien gris, et, après cette fête de la jungle, la reprise de la routine fut un peu dure pour certains...
Je n'ai plus participé à d'autres Tiger Meet, mais, des années plus tard, alors que j'étais à Saintes (vers 1991), j'eux l'occasion de rencontrer, dans sa triste retraite, le B2 tigre du Tiger Meet 1977...Réformé, il avait abouti à Saintes pour y être mis en exposition statique, mais, laissé aux intempéries sans aucun soin, c'était devenu le "chevalier à triste figure" !
Peint en camouflé, rien ne transparaissait de son glorieux passé, jusqu'au jour où, dans un vieux numéro d'"Air fan", je vis une photo du B2 "Y-K" peint en tigre pour le Tiger Meet 1977. Le "Y-K" ? Mais c'était le nôtre !
Je ne fis qu'un bond jusqu'à la centrale électrique près de laquelle il finissait d'agoniser : c'était bien lui ! Et, en regardant bien, là où la pluie avait délavé le camouflage, on distinguait l'ancienne livrée jaune et noire !
Fané, avec des ouvertures béantes un peu partout, sans réacteur, il inspirait encore le respect. Et pourtant, ce n'étaient pas les avanies qui lui avaient été épargnés...
La dernière en date était qu'un colonel, lassé de voir ses roues à plat, avait fait couler du béton dans ses pneus ! Du béton dans les roues d'un chasseur : peut-on trouver pire humiliation et meilleur symbole de sa déchéance ?
Quelques temps après cette découverte, voyant le colonel C. rendre visite au Commandant de la base, je l'invitais, sans lui en donner la raison, à me suivre et le conduisit auprès du B2 "Y-K". La capitaine C. avait été le présentateur du B2 Tigre 77 et c'étaient là d'émouvantes retrouvailles ! Je ne sais pas ce qu'ils se dirent, mais, en tous cas, j'ai bien vu la caresse furtive de la main sur son fuselage...
On pourrait croire à lire les lignes qui précédent que dans l'Armée de l'Air de cette époque, on buvait sec et dégageait ferme !
Les circonstances narrées sont exceptionnelles et ne reflètent pas la vie de tous les jours placée sous le signe d'une grande sobriété et de beaucoup de rigueur.
Sans vouloir nier qu'ici et là, il y ait pu y avoir des individus "à problèmes", ni l'existence des, pourtant interdits, "points d'eau" d'escadron, il faut souligner que la tempérance était la règle et l'accent était constamment mis sur tout ce qui pouvait perturber les vols.
Le médecin PN s'y employait, ainsi que parfois, des intervenants extérieurs, comme cette fois où avait été convié au briefing une conférencière vantant les mérites de l'un des premiers produits destinés à aider le sevrage tabagique...
Après un tableau apocalyptique des méfaits du tabac, la démonstration de l'efficacité du produit avait été brillante, et l'on sentait quelques accros prêts à tenter l'expérience du sevrage lorsque, en quelques mots, elle ruina l'édifice savamment bâti...Voulant souligner l'absence d'effets secondaires, elle signala que, tout au plus, une très légère somnolence pouvait être ressentie par certains...
Somnolence ! Le mot retenti à 100 décibels dans l'oreille du Commandant d'escadre, qui, se levant, dit aux pilotes qu'ils moquait de leur éventuel cancer du poumon dans 15 ans, mais qu'il était, par contre, garant de leur sécurité immédiate, et qu'en conséquences, tout pilote suivant cette cure serait arrêté de vol !
Il y eût un grand silence seulement troublé par le froissement des papiers tristement rangés de la conférencière. Et, à la sortie du briefing, les cigarettes, comme de coutume, jaillirent des poches des combinaisons de vol !
Cette parenthèse pour bien illustrer le souci permanent de rigueur et d'information de tous sur tout ce qui pouvait, à un titre ou à un autre, engager la sécurité.
Ces rencontres "Tiger Meet" sont devenues légendaires et mythiques (Patrick BAUDRY en a fait un livre). Au delà du folklore qui les entoure, elles montrent la capacité d'unités disparates, de langues et de culture différentes, à oeuvrer rapidement ensemble pour une cause commune...
Les militaires sont très capables de très bien faire cela !
Le tout est de trouver une cause commune, et, là, cela devient, comme disait KIPLING, "une autre histoire".













 

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