|
Chroniques des années 1970 - 1972 |
Eric, le marqueur indélébile, est un véritable dénicheur de trésor. Grâce à lui, nous voilà en possession
de plusieurs chroniques tombées entre mars 1970 et juillet 1972 de la plume de celui qui fût commandant en second du CLA en 1972
|
En septembre 1971, la base organisa une journée "Portes ouvertes", consistant à accueillir le public et à lui
montrer, outre notre cadre de vie, ce que nous faisions en expliquant, si possible, pourquoi. |
La matinée était consacrée à la visite des installations et des diverses expositions de matériels qui avaient fleuri un peu partout...
Pas question d'admettre toutefois le public au CLA en raison du trafic qui continuait à se dérouler sur le terrain. |
Le clou de la journée était, bien sûr, la présentation en vol de l'après-midi : tous les appareils de
l'Armée de l'Air y étaient représentés, avec, en prime, quelques autres dont un Caudron G3 et une réplique du "Blériot 11" de la traversée de la Manche. |
Si je n'ai que de vagues souvenirs de la matinée qui fut, comme toujours en pareilles circonstances, placée sous
le signe de la foule, le meeting de l'après-midi et ses à-côtés m'ont laissé quelques réminiscences ! |
Nous étant partagé les tâches, j'avais eu à m'occuper de tout ce qui concernait les avions extérieurs, les Jodels et autres
Émeraudes ne m'ont guère marqué...En revanche, j'ai un souvenir précis du "G3" et du "Blériot". |
Le "Caudron G3" provenait du fameux team Salis, et, voir voler cet assemblage de bois verni et de toile avait quelque chose
d'irréel, équipé d'un gros moteur en étoile qui masquait une bonne partie de la vue vers l'avant, il décollait en quelques mètres et évoluait en souplesse à quelques
60 Km/h...Il fit une jolie présentation, bien visible du public à une distance qui serait jugée indécente, dangereuse et irresponsable...Mais l'époque était
tout autre ! |
Le Blériot 11, en dehors de son originalité propre, en avait une autre : il était piloté par une femme, la
cascadeuse Nicole Perceval ! |
C'était un avion fragile et exigeant : sensible au moindre vent travers, son moteur ne supportait pas de tourner plus
que quelques minutes à l'arrêt sous peine de chauffer , il fallait donc mettre en route et décoller...L'appareil n'ayant pas de freins, le décollage nécessitait qu'un aide
tienne sa queue et ne la lâche qu'au top du pilote : une autre aviation ! |
J'avais mis au point avec son pilote un scénario consistant à lâcher le Blériot immédiatement après le passage
à grande vitesse du Mirage IV...Le contraste était ainsi saisissant et cela apportait une touche d'humour ! |
La matinée se passa donc en allée et venues pour peaufiner ce décollage, prendre des tops avec le Mirage IV,
mettre en place des repères pour le Blériot, et l'on me vit aux quatre coins du terrain avec "la" pilote vêtue, come il se doit, d'une combinaison de vol en peau
de bique. |
Un repas commun réunissait tous les participants au mess, où il y avait une joyeuse ambiance, qui fut à son
comble lorsque Nicole Perceval arriva... |
Accueillie par les "hourras" des pilotes, elle ne trouva rien de mieux que de m'interpeller depuis l'autre
bout de la salle en me demandant de lui confirmer si sa combinaison, qu'elle avait perdue, n'était pas restée dans ma voiture ! |
Là, ce fut le délire ! J'eus droit à un ban des chasseurs (bien immérité), dus monter sur ma chaise pour être
bien vu de tous et confirmer que la combinaison se trouvait bien dans ma voiture...Un peu surprise par le tour que prenait les choses, la cascadeuse voulut préciser
qu'il s'agissait d'une combinaison en peau de bique...et ne réussit qu'à décupler l'hilarité générale ! |
C'est donc de joyeuse humeur que chacun regagna son poste pour jouer sa partie dans cette sorte de pièce de
théâtre qu'est un meeting. |
Le vol de Blériot se déroula à la perfection : mise en route au top "moins 1 minute 30" du Mirage IV
un aviateur fermement accroché à sa queue, lâcher lors du passage à grande vitesse, et passage à 50 Km/h devant le public avec virages délicieusement dérapés...On
ne se soucia ni de distance ni de turbulence de sillage ! (j'avais quand même pris la précaution de décaler les axes du Mirage IV et du Blériot d'environ 150 mètres...
Aucune règle ne m'y contraignait, et cela passait presque pour de l'excès alors qu'au regard des normes actuelles, cela serait sans doute jugé "bosniaque" !) |
Le public (100 000 personnes dit le journal) fit une ovation à la cascadeuse et le meeting se poursuivit sans
incidents dans la bonne odeur de kérosène et le tonnerre des PC. |
J'avais déjà vécu, à Cazaux, des journées de ce type, mais, c'était la première fois que je participais directement à
l'élaboration d'un meeting...Il y en aura d'autres un peu partout avant de finir par les 2 meetings de Saintes en 1989 et 1992 dont je conçus de A à Z le déroulement.
Et à chaque fois, ce sera un plaisir de voir les spectateurs, regagnant leur voiture, faire en discutant de grands gestes avec les mains comme on en voit d'habitude que
dans les bars des escadrons ! |
|
|
|
|
|